Interview d’Yves de Montbron, secrétaire de la Ligue des Optimistes de France, par Julien Prigent, dans le supplément Éco de La Charente Libre.
Yves de Montbron est un apôtre de l’optimisme, « discipline » qu’il enseigne. Il exhorte à voir le verre à moitié plein, à positiver l’avenir, cet inconnu.
La crise, la dépression, les mauvaises nouvelles, y’en a marre! L’heure est à l’optimisme, qu’on se le dise. Ça ressemble à un discours de gourou en développement personnel. C’est la nouvelle mantra des managers branchés. Il faut positiver. Tout positiver. Le chômage, la liquidation de sa boîte, son divorce.
Agaçant ? Pertinent ? Les partisans du verre d’eau à moitié plein ont table ouverte dans les médias, Philippe Gabilliet, vice-président de la Ligue des Optimistes, a son rond de serviette aux Grandes Gueules de RMC.
Yves de Montbron, dont le patronyme trahit les racines charentaises, est l’un d’eux. Enseignant en école de commerce (ESCP Europe), secrétaire de cette fameuse Ligue des Optimistes (il en anime le blog et y côtoie les écrivains Eric-Emmanuel Schmitt ou Erik Orsenna), consultant en management positif, ce Rochelais d’adoption est venu mi-octobre regonfler le moral de petits entrepreneurs, artisans, lors d’un séminaire à Soyaux. Son propos: « On ne sait pas ce que l’avenir réserve, alors espérons le meilleur. »
Ça sert à quoi d’être optimiste ?
Yves de Montbron : avant de parvenir à faire fonctionner son ampoule à incandescence, Thomas Edison a essuyé des échecs. Il disait: « Je n’ai pas échoué, j’ai trouvé mille chemins qui ne menaient pas au but ». Combien de personnes ont planté leur boîte avant d’en créer une belle deuxième ? Combien de divorcés se sont ensuite sentis bien dans leur nouveau couple ? Alors soyons optimistes !
Mais si je suis licencié, malade et seul, comment je vais positiver, moi ?
L’optimisme, ce n’est pas la méthode Coué. Ce n’est pas de l’incantation. Mais c’est trois choses:
1. Souligner d’abord ce qui va bien.
2. Pratiquer l’expectation positive. Attendre quelque chose de positif de l’avenir. Vous n’êtes pas allés dans le futur : alors n’écoutez pas les déclinologues qui voient tout en noir.
3. Faire confiance aux pouvoirs de son action sur le cours des choses.
Est-on tous égaux devant l’optimisme ?
Chacun d’entre nous a un facteur de personnalité plus ou moins optimiste qui varie au fil de notre vie. Il existe un test, le LOT (Life Orientation Test), qui permet de le mesurer. Et puis, il y a l’optimisme de volonté.
Vous êtes né optimiste ?
Je le suis devenu. C’est du développement personnel : s’appuyer sur ses points forts. Ça se travaille et ça s’entretient.
Et dans le monde du travail, ça se traduit comment ?
Le management coup de pied au cul, c’est dépassé… Vous avez envie de vous défoncer pour quelqu’un qui vous engueule ? Non. Pensons les choses différemment : Francis Mer, l’ancien PDG d’Usinor, disait que 25% des réserves de productivité des gens résident dans leur motivation.
Qui incarne l’optimisme aujourd’hui ?
Des gens comme Eric-Emmanuel Schmitt, membre de notre Ligue des Optimistes. Richard Branson ou Steve Jobs, qui se sont lancés dans des entreprises auxquelles personne ou presque ne croyait, ont échoué, puis rebondi, incarnent eux aussi l’optimisme. A l’inverse, Nicolas Sarkozy ou Bernard Tapie me paraissent être trop optimistes et voir le monde avec des lunettes déformantes.
N’est-ce pas plutôt un refus confortable de voir le monde tel qu’il est : injuste et déprimant ?
L’optimisme, ce n’est pas ignorer que le monde est dur. Mais ruminer le passé, ses erreurs, il n’y a rien de pire. On peut déplorer la mondialisation et ses effets sur nos économies, la crise, ou la guerre en Syrie. Mais qu’y puis-je à mon niveau ? Il est donc inutile de gaspiller son énergie là-dessus. Pratiquons l’alternative positive. Voyons le verre à moitié plein !
Etre optimiste en France, leader mondial de consommation d’antidépresseurs, c’est une mission ?
Notre pays est le champion du monde de pessimisme. Ecoutez les gens : on nous rabâche que notre système éducatif décline, que les politiques sont tous pourris, que tout est foutu. Et puis les médias sont anxiogènes, aussi. Dès l’école, on nous apprend le cartésianisme, à aiguiser son esprit critique, à démonter un argumentaire. On pointe ce qui ne va pas. Pas assez ce qui va bien.
On serait passé à côté de quelques bonnes nouvelles ?
Mais il y a plein de belles choses en France. Notre taux de natalité est le plus élevé d’Europe, c’est chez nous que le plus d’entreprises voient le jour, il y a aussi le maillage remarquable des associations : des gens qui créent de l’activité et s’intéressent aux autres.
Lire l’article sur le site du journal « La Charente Libre » : http://www.charentelibre.fr/2013/11/29/un-apotre-de-l-optimisme-a-la-rencontre-des-entrepreneurs,1867877.php
Pour une conférence ou un séminaire dans votre entreprise ou votre réseau : info@liguedesoptimistes.fr
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Savez-vous entretenir votre optimisme, voir ce qui va bien ?
Comment faites-vous ?
Vous pouvez réagir en laissant un commentaire.
Nous nous connaissons bien avec l’ami Yves, et je suis ravi de voir que spontanément, nous sommes l’un et l’autre attachés à ces notions. Aujourd’hui en butte à de nombreuses difficultés, je n’ai jamais été aussi optimiste, non pas dans un abandon néfaste, mais dans la conscience que dès qu’une porte se ferme, des dizaines d’autres s’ouvrent. Bravo pour cet article réjouissant …
Merci Jean-Christophe !
Dans les moments difficiles, on peut aussi s’appuyer sur ses amis… 😉
L’avenir est une illusion.
On peut le prévoir sombre ou radieux.
C’est aussi une illusion.
Mais laquelle sera la plus stimulante, motivante, porteuse ?
Soyez optimistes !
http://moralotop.com/?p=5839
Au-delà d’une portée pragmatique, l’optimisme relève à mon sens d’une certaine « poésie », d’un réenchantement d’un univers socio-économique déprimant. Cela énerve parfois comme si c’était une arrogance…J’ai noté avec étonnement que la posture optimiste déclenche l’agacement de ceux qui optent pour le pessimisme. Ces derniers se chargent le plus souvent de mettre notre optimisme à l’épreuve. L’optimisme est en ce sens une discipline qui demande non seulement d’avoir la foi mais également de faire preuve de sérénité, d’humilité et de constance. Enfin, c’est mon avis.
nathalie
C’est un avis que je partage! et qui vaut d’être partagé:)
Je suis assez d’accord avec cette approche. Devant un problème sérieux j’aime bien concevoir les diverses évolutions raisonnablement imaginables, surtout les pires, et anticiper a froid mes réactions possible pour au final constater que celles ci ne se produisent pas toujours ;). Ne pas se laisser surprendre par l’échec du plan A, mais avoir toujours en réserve un plan B dédramatise….