Lu dans « Version Fémina » : « À côté des optimistes à tous crins, certaines voix commencent à prôner un pessimisme actif. Alors, vaut-il mieux voir la vie en bleu plutôt qu’en rose?
« Optimiste ! », « Développez votre optimisme et votre joie de vivre »… Comme pour pallier la sinistrose ambiante, une pléthore de livres rose bonbon inondent les vitrines des librairies. La pensée positive, armée de son sourire étincelant, nous gouverne aujourd’hui. Une injonction à être heureux qui pèse lourdement sur nos épaules, au point de causer « plus de souffrance que le pessimisme même », d’après l’Américaine Julie Norem, psychologue, professeure au Wellesley Collège (Massachusetts) et auteure du très récent « The Positive Power of Negative Thinking » (le pouvoir positif des pensées négatives). Encore faut-il faire le tri entre le bon et le mauvais pessimisme… « Ne confondons pas le pessimisme actif avec le pessimisme dépressif, souligne le psychiatre Christophe Fauré; auteur de nombreux livres sur la rupture et le deuil. Le premier est constructif : il entraîne à agir, à aller plus loin et à se confronter au réel. Le second nous conforte dans une attitude nihiliste. » Face au réchauffement climatique, on peut opter pour deux réactions : la vision défaitiste de l’univers qui court à sa perte, assortie de fatalité « de toute façon, la Terre va mourir un jour, alors un peu plus tôt, qu’est-ce que ça change ? ». Et la réaction plus soft de celui qui va se battre pour, non pas transformer la planète, mais ralentir sa dégradation. « C’est le pessimiste constructif qui nous pousse à établir le Protocole de Kyoto ou à trier nos déchets », dit le psy.
Il nous pousse à agir
Contrairement à l’optimiste qui pense que « tout finira bien », le pessimiste pense que le réel est à « travailler » : « Quand je prépare une « réunion clients », j’imagine tous les scénarios catastrophe possibles, raconte Delphine, 39 ans, directrice de création dans une agence de publicité. Je me prends les talons dans le tapis, je découvre que ma veste préférée est tachée, je suis soudain envahie par un bégaiement terrible, j’oublie ma feuille de route… J’en fais même des cauchemars la nuit ! » Résultat : Delphine travaille au millimètre près, est prête deux jours avant la date, imagine toutes les questions piège. Et, du coup, tout se passe parfaitement bien. « Le pessimiste enfile tous les jours son « bleu de travail », contrairement à l’optimiste qui ne fait que porter des lunettes roses », confirme Martin Steffens, philosophe et auteur de « La vie en bleu. Pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve » Marabout.
Il permet aux couples de durer
Côté amour, les pensées négatives ne sont pas forcément nocives, bien au contraire. « Récemment, des études* ont démontré que l’optimisme était un facteur de vulnérabilité certain dans les relations conjugales », soutient Julie Norem. Une thèse à laquelle adhère Martin Steffens. « A force de penser positif en toutes circonstances, on en vient à être déstabilisé par le plus petit « grain de réel ». Alors qu’il est paradoxalement bienfaisant d’envisager les obstacles et les menaces qui pèsent sur le couple, afin de le « travailler » au jour le jour. » Le pessimisme conjugal permet donc d’anticiper les chocs. « Nous connaissons tous des duos qui ne se sont jamais disputés et qui, frappés de plein fouet par la première crise, se séparent aussitôt », souligne Christophe Fauré. Celui-ci cite un autre cas : « J’essaie actuellement de « raisonner » une femme qui, trompée par son mari, a une croyance très optimiste en son couple. Elle en est sûre, il va revenir, ce dont je doute. Et j’aimerais, en lui présentant l’issue éventuellement négative de son mariage, lui éviter une dépression. »
Il nous réserve de bonnes surprises
Le pessimiste est toujours heureusement surpris par la réalité. Alors que l’optimiste pur et dur, lui, est fatalement déçu. « Quand celui qui envisage la vie en rose voit que ce bonheur, sans abîme ni épreuve, lui est refusé, il se met à broyer du noir », soutient Martin Steffens. « Le pessimisme s’apparente à une protection psychique, renchérit Christophe Fauré. S’attendre au pire, réserver une petite case bleue dans son champ de conscience, permet d’amortir la violence du choc du réel. » Par exemple, imaginer que la maternité est un chemin semé de roses entraîne fatalement dans une douloureuse désillusion… « J’étais certaine de vouloir quatre enfants, raconte Elisabeth, car j’étais baignée dans l’idée que c’était facile, magnifique… J’ai vite déchanté à la naissance de mon fils. J’ai trouvé ça si compliqué que j’ai rabattu mes ambitions. Quand il est devenu ado, j’ai décidé de m’arrêter là. Je n’avais pas imaginé qu’il puisse y avoir de conflits entre nous. » Nathalie, 45 ans, a suivi le parcours inverse : trop pessimiste au départ pour fonder un foyer, elle a cédé au désir de son mari à 32 ans… pour être « très génialement surprise » : elle a trois enfants aujourd’hui. Ainsi, le pessimisme évite de tomber douloureusement du haut de nos illusions ! On n’est ni déçu ni pris au dépourvu. Et surtout, on est accommodant avec le réel.
Il aiguise notre sens de l’écoute… et de l’humour
Face à la souffrance des autres, l’optimiste souhaite transmettre sa positive attitude et propose souvent une solution toute faite. « Et si tu sortais un peu ? », « Bouge-toi, la vie est belle ! »… Au contraire, le pessimiste actif, qui connaît de temps à autre des petits coups de déprime, est, de fait, plus empathique. Il est capable d’écouter les larmes, ce qui conduit les autres à s’exprimer en toute liberté. Last but not least, le sens de l’humour et de l’autodérision prend souvent racine dans le pessimisme. Woody Allen, pessimiste notoire, aurait-il écrit : « Non seulement Dieu n’existe pas, mais allez trouver un plombier le dimanche », s’il avait été un fieffé optimiste ? Avouez que, sans cet humour caustique, la vie nous paraîtrait un peu fade. Le sucre sans le sel… »
Sophie Carquain, dans Version Femina, avril 2014.
* Lisa A. Neff et Andrew L. Geers, « Optimistic expectations in early marriage : a resource or vulnerability for adaptive relationship functioning?», in Journal of Personality and Social Psychology, juillet 2013.
Que répond la Ligue des Optimistes de France à cet article ?
Pour nourrir la réflexion amorcée par ce texte et rééquilibrer les points de vue, on peut apporter deux arguments complémentaires :
1) C’est vrai, dans toutes les situations de la vie, on peut être confronté à des soucis, à des obstacles, à des échecs qu’on n’a pas prévus et qui vont nous mettre en difficulté. C’est la vision pessimiste.
Toutefois, pour surmonter les difficultés, pour continuer à avancer, il est indispensable de conserver sa confiance dans l’atteinte positive de son objectif. C’est la vision optimiste.
Les deux postures sont nécessaires et complémentaires. En toutes circonstances, conservez un optimisme de but et un pessimisme de chemin, comme l’explique Philippe Gabilliet dans cette courte vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=RLKw0RFHsRY
2) Savoir que la vie nous réserve des vicissitudes, ça ne signifie pas qu’il faut être pessimiste en permanence et tout voir en négatif. Ce serait affreux. Mais plutôt qu’il faut rester vigilant, tout en gardant comme moteur principal l’optimisme qui nous fait avancer. Au fond, le pessimisme est un bon serviteur et un mauvais maître.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Vaut-il mieux être pessimiste ou optimiste ?
Savez-vous équilibrer les deux ?
Vous pouvez réagir en laissant un commentaire.
Ce que je pense c est qu il n y a pas réellement d’optimistes ou de négativistes mais tout simplement nous sommes tous des êtres humains qui ressentons tour à tour des émotions positives ou négatives au cours de la journée .Pourquoi faudrait il choisir entre optimiste et pessimiste?:))
et pourquoi pas tenter de devenir « optipessimes » ou pessimoptistes, ce qui nous donnerait un joyeux équilibre entre une vision trop fleur bleue qui permet de voir la vie en rose mais peut générer quelques déceptions et une vision bleue de la vie qui permet d’avoir des surprises positives et moins de déception.
L’optimisme béat est une erreur de comportement tant il peut masquer la réalité, et parfois la danger.
Il est donc à proscrire.
Et, personne, me semble-t-il, au sein de la lige des Optimistes n’en fait l’apologie.
Dès lors, ériger, par effet de symétrie le pessimisme actif en moteur de binheur me semble tout aussi préjudiciable.
Probablement « la » vérité estelle dans la recherche d’un jsute équilibre.
Une dose de pessimisme pour vir et prévénir les problèmes.
Et une attitude résolument optimiste, pour agir, dans la réalité et obtenir ce que l’on croit possible d’obtenir.
Je préfère un ado qui croit qu’il va décrocher le ba
Oups.. erreur de manip, mille excuses pour ce bout de message.
Reprenons :
Je préfère un ado qui croit qu’il va décrocher le bac et s’en donne les moyens à un enfant qu’il pense qu’il ne l’aura jamais et valide cette pensée par une attitude inadaptée… qui finalement lui donne raison : il rate le bac (euh… « faut le faire » de nos jours mais c’est un autre débat !)
Au final : l’optimisme, comme la pensée positive, sont nécessaires, pour se mettre dans les meilleurs dispositions d’esprit et agir efficacement, mais insuffisants : il est pertinent d’aller au delà, de les dépasser, d’en utiliser la force tout en en connaissant les limites.
Et de tendre vers cet équilibre « optimisme/pessimisme), cette dualité que l’on retrouve dans tous les recoins de la vie.
Cela dit… bonne journée !
Je suis une éternelle optimiste dans le sens où quoi qu’il arrive, j’ai confiance en moi. Lorsque des choses négatives se présentent dans ma vie, cela signifie pour moi que d’autres opportunités plus intéressantes sont au programme. Une situation compliquée nous amène au questionnement, à l’action, au recadrage nécessaire pour poursuivre le chemin, c’est tout. Cela n’a rien à voir avec le pessimisme. Accepter les moments difficiles, c’est déjà être positif en vue de construire différemment. Par ailleurs, en tenant compte des difficultés possibles, on travaille dans une énergie positive qui place tous les atouts de notre côté….
Je confirme, je n’ai jamais compris que la Ligue des optimistes pronait une naïveté totale et une confiance infinie dans des lendemains qui chante. Mais plutôt une posture « on va y arriver » comme moteur. Donc pas du tout en opposition avec le pessimisme actif… juste une vue plus positive du même comportement 🙂
Bonne journée à tous les optimistes…. et aux autres
Je n’ai, moi non plus, jamais eu l’impression que la Ligue des Optimistes prônait un positivisme excessif et aveugle.Tout au contraire. Quand je lis que devant une même difficulté, « le style d’analyse du pessimiste le pousse à la paralysie, alors que le style d’analyse de l’optimiste le pousse à l’action »(Philippe Gabillet, Eloge de l’Optimisme), le discours me semble clair: c’est de nos réactions aux événements qu’il s’agit. De la suite à leur donner. Il n’a jamais été question ici de nier la déception, la peine ou la douleur, mais bel et bien de rebondir, d’éviter de s’enfermer dans un cercle vicieux. CEPENDANT, je constate, en tant que sophrologue, les effet très culpabilisants de trois décennies de positivisme New Age dans lequel les émotions négatives sont suspectes, les idées négatives à s’interdire car elles diffusent de mauvaises ondes et adressent un mauvais message à l’univers… A partir de là, si un pépin vous arrive, c’est forcément votre faute! En sophro, notre travail consiste justement à activer le positif, mais comme je l’explique souvent, non parce que le négatif est tabou mais parce qu’il est doué pour se manifester tout seul. Autant apprendre à booster nos ressources positives!La Ligue des Optimistes a donc, à mon avis, un rôle important à jouer pour faire passer le message d’un optimise réaliste,serein et sans culpabilité. En tous cas, vous lire nourrit mon optimiste et je vous en remercie!!
Valoriser le pessimisme, même « actif », me semble inadéquat.
Nous vivons dans un monde (et surtout un pays) où le pessimisme est de rigueur, et espérer un monde meilleur semble relever de la rêverie.
Un optimisme béat est certes à éviter pour ne pas tomber dans une vision bisounours du monde, qui s’avère fausse. Mais un pessimisme trop présent pousse à l’aigreur, au cynisme et au repli sur ses idées et ses acquis; il réprime toute envie de nouveauté, les pensées créatrices et l’action, la prise de risque, le rêve.
« L’optimiste n’est pas celui qui refuse de voir ce qui va mal, c’est celui qui refuse de s’y attarder ».
Alors allons de l’avant, rêvons, espérons.
Et mettons-nous en action !
« Le juste milieu » : oui, penser au pire, et envisager une issue positive, puis tout est dans l’acceptation de ce qui se passe, c’est mon point de vue et je suis heureuse ainsi!
Je pense que l’optimiste se contente de peu, il fait avec ce qu’il trouve et sera satisfait quoiqu’il advienne. Il positive sans être béat. Le pessimiste réclame plus pour obtenir satisfaction, c’est donc quelqu’un qui s’acharne pour atteindre un objectif. Le pessimiste actif deviendra alors un faux optimiste.