Festival Off de théâtre, Avignon 2024.

Il est possible de vivre de sa passion de la scène, de poursuivre son rêve. Si votre enfant vous dit demain :

– Papa, maman, je veux devenir comédien.

Quelle réponse lui ferez-vous ? Sincèrement, vous qui ne connaissez personne dans le milieu, ni rien du métier. Voulez-vous ceci pour lui, qui pourrait  faire un parcours professionnel traditionnel et sécurisé ?

Il est possible de vivre de sa passion du théâtre, mais il faut une bonne dose de persévérance, être malin et avoir la vision optimiste qui conduit à une carrière. Les comédiens croisés lors de cette édition m’ont profondément inspirée.

Le cru 2024 était riche de thèmes d’actualité et j’en ai sélectionné cinq, le top 5 selon ma propre expérience d’Avignon

Les voici

Je vous les recommande tout particulièrement. Comme il fallait choisir, j’ai voulu mettre en lumière le travail de Nicolas Pierre, auteur et comédien.

Nicolas Pierre, auteur et comédien

Auteur et comédien de théâtre

Nicolas Pierre est un ancien du Cours Florent, comédien et auteur, qui dirige sa troupe théâtrale Terence et Malik . Il gravite dans le milieu depuis vingt-quatre ans. Il lance une nouvelle pièce en 2024, dans une démarche créative, proactive et optimiste. Deux autres spectacles grand public ont connu plus de 1300 représentations, « La folle histoire de France » et « Battle Royale ».

Voici le lien vers ce projet original « Il était une fois la propagande », mis en scène par Marina Dubroca

Nicolas Pierre, pensez-vous être optimiste comme auteur et comédien ?

Je pense que oui, aujourd’hui plus qu’hier. Parlons de ce spectacle que je lance cette année… Je suis passé par une phase assez déprimée par rapport à l’état du monde. Je voyais une espèce de chape de plomb de l’information qui ne me convenait pas. Mais je dois dire qu’une fois que l’on comprend ce qui se passe, et que l’on arrive à mettre le puzzle en ordre, on devient plus optimiste. La pièce nous livre un message positif, dans un constat qui l’est moins.

On nous a vendu le SUV...

On nous a vendu le SUV…

La propagande est partout dans le système, sous des couverts de libéralisme, donc de liberté. On la croyait être un attribut des régimes totalitaires. On se moquait alors des campagnes de maquillage de l’information par Staline ou Hitler. La propagande et la manipulation des cerveaux sont partout, infusent nos sociétés. Une bonne illustration est le véhicule SUV, aberration écologique et économique, un véritable doublet incroyablement vendu par le marché, et accepté par les consommateurs… Cette partie de la pièce est un régal par la finesse d’esprit du texte et le jeu d’acteur.

Pourquoi dites-vous que le message est optimiste dans votre pièce, et comment le transmettez-vous ?

Parce qu’il y a quand même cet idéal que la vérité finit toujours par être plus forte que le mensonge. Même si vous mettez des tombereaux de désinformation, il y a des choses qui finiront, de fait, par ressortir.

Alors, on finira par se faire imposer la réalité écologique du monde, mais est-ce que ce sera suffisamment tôt, ça c’est autre chose.

 

Il était une fois la propagande : sur scène

Il était une fois la propagande : sur scène – Nicolas Pierre, auteur et comédien

Parce que j’ai une fille de sept ans, et que fondamentalement je ne suis pas un parent qui dit  « Ah ma pauvre chérie quel monde on va te laisser », … non, j’essaye de faire en sorte que ce soit un joli monde dans ses yeux. Je suis heureux, quand je vois sa joie de vivre, sa spontanéité.

Je pense que les humains ont bon fond, du moment qu’on ne les oriente pas vers le mal.

Avez-vous plutôt un optimisme inné ou acquis ?

J’ai grandi dans un milieu favorisé, en province avec des parents médecins, plutôt cool, recevant mes copains à l’improviste, pas portés sur les apparences, dans un cadre sain, qui ne nous a pas enfermé dans un schéma familial « nous sommes médecins, tu seras médecin ». Je n’ai pas eu de besoin particulier, à l’école ça se passait bien, j’étais gentil, naïf, je n’ai pas eu de tendance au départ à voir le monde comme quelque chose de très dur, d’oppressant. Mes parents m’ont laissé me lancer dans une carrière de comédien, même si ça faisait flipper ma mère, il faut l’avouer.

J’ai pris les choses du bon côté, et j’ai eu le soutien de mon grand-père maternel, qui a cru en moi. Quand il est mort, il y a une vingtaine d’années, donc quand je commençais mon école de comédien, au cours Florent, il m’a dit un truc qui fait beaucoup de bien:

« Nicolas je suis certain que, quoi que tu fasses dans la vie, tu y arriveras toujours »

Il était convaincu de ça, par mon caractère, et ma manière de faire les choses, et c’est quelque chose qui est touchant. Quelqu’un qui s’apprête à partir et qui vous laisse ce message… J’ai toujours gardé ça en tête, en me disant, au moins, lui, il y croit, donc ça fait du bien, car dans notre métier, le doute est présent et les lendemains incertains sont nombreux… évidemment, tout le monde le sait.

Quelles sont les qualités justement dont les gens vous parlent, en s’adressant à vous, Nicolas Pierre, auteur et comédien ?

Aimer son public et réussir à lui plaire – Nicolas Pierre, auteur et comédien

Je pense qu’il faut s’intéresser aux gens, je suis très sociable et j’ai constaté que les optimistes vont vers les autres, quand les pessimistes  se replient sur eux, ont peur de tout, et surtout des autres. Quand vous êtes curieux, tout se clarifie, si vous savez analyser.

💡 Ecoutez cette tirade sur « l’autre »  ici , dite par Fabrice Lucchini, auquelle cette réponse de Nicolas me fait penser instantanément.

Moi j’ai beaucoup voyagé, quand j’étais jeune, et j’avais croisé des retraités qui m’avaient dit :

Il faut le faire maintenant, quand vous êtes jeune, parce que vous découvrez le monde, et forcément ça vous ouvre à d’autres cultures, et ça va construire votre mentalité.

J’adore la culture générale. Le théâtre ça m’a ouvert à la littérature, car chez mes parent il y avait surtout des BD, la passion de mon père, et pas mal de vidéos. Quand j’ai découvert le théâtre, la langue, la littérature, je suis devenu un bibliophile maniaque, et je déteste qu’on abîme les livres, ça m’horripile au dernier degré! Je trouve que la culture aide à entretenir l’optimisme.

Je conseille à tous de lire, pour enrichir son vocabulaire, pour mieux exprimer sa pensée, partant de là son rapport à l’autre, pour un monde positif.

Pour moi, qui étais un grand timide, le théâtre m’a ouvert des horizons.

Et le cinéma ?

Quand j’ai commencé, je voulais être réalisateur, et comme je n’ai pas eu le concours, je me suis dit bon tant pis, je repasserai l’année prochaine… Et en attendant je vais aller voir ce métier d’acteur… sauf que quand j’ai commencé à faire du théâtre, j’ai tout de suite aimé le rapport direct, humain. Je ne suis jamais retourné au cinéma. Aller action, on coupe, et on s’arrête, on recommence, très peu pour moi, finalement. Au théâtre on est en live, on joue. On a beau avoir donné plus de 1000 fois la pièce, à chaque fois il faut assurer, et à chaque fois le public est différent, nous même sommes adaptables. Et j’adore cet aspect-là.

Parlez-nous de la joie de recommencer le travail sur scène.

Moi, je dis c’est une chance de pouvoir faire 1000 représentations… Vous imaginez que j’ai repris 1000 fois le rôle, que je l’ai peaufiné comme un artisan; ça ne viendrait à l’idée de personne de dire à Léonard de Vinci pourquoi il a mis tant de temps à peindre la Joconde, à raison de trois coups de pinceau par jour … Il y a une patience dans l’art. Et quelle satisfaction de devenir meilleur d’année en année.

Hokusai disait à 90 ans passé, alors qu’il avait fait un bout de sa vie :

Quelques années de plus, et je serais devenu bon !

Et la chance, dans votre métier d’auteur et comédien ?

Quand on fait une rencontre, au bon moment, c’est une chance, un cadeau. Mon partenaire de base, devenu mon frère d’art, est capital dans mon parcours. On s’est rencontrés sur un spectacle et l’amitié a flambé.  Maintenant, il n’est plus dans la compagnie, car il a d’autres projets professionnels. On s’appelle tout le temps, sa mère me considère comme son fils. Ce sont comme des relations de famille, frères d’art, familles d’art, communauté vivante et reliée.

Deux acteurs qui ne s’entendent pas … ça existe aussi !

Bien sûr et ça se voit sur scène, même si certains masquent leur jeu. Nous, en coulisse on subit leur haine réciproque. Certains se parlent par assistant interposé. Autant dire que dans ce genre de situation, l’optimisme et l’ambiance de la troupe sont mis à mal.

La chance serait-elle une compétence pour vous, Nicolas Pierre ?

Oui, je pense et pour la provoquer on doit y aller, surtout dans notre métier. Par exemple, on m’avait donné le téléphone d’un producteur à appeler, mais comme j’ai mis du temps à me décider, lorsque je l’ai fait, il était déjà parti. Chance ou malchance ? C’était à moi d’agir.

Je pense aussi qu’il y a des cycles de chance. Quand rien ne va plus, se dire que ça va passer, et que de nouvelles opportunités vont finir par se présenter, ça aide.

Savoir s’entourer est pour moi capital, éviter les relations toxiques, privilégier un cadre relationnel sain. Mais parfois on se trompe et on le paie. Je dis que ce que l’on a vécu nous permet de devenir qui nous sommes. Je considère que c’était peut-être un passage obligé pour se construire.

Superbe mentalité d’optimiste !

Votre regard sur le monde

Nous sommes dans une transition de système et tout ceci va nous coûter en vies et en milliards. L’optimisme sera un moteur de reconstruction, comme cela est arrivé dans le passé. Le bonheur peut renaître, même après la violence.

Je crois beaucoup à la parole optimiste de prévention, et je salue le travail de certains professeurs sur le terrain pour lutter contre le harcèlement, le racisme et tous ces maux inavouables.

Merci Nicolas Pierre de nous avoir livré vos secrets de succès et votre regard sur le monde. L’art contribue à éveiller les consciences. A ce sujet, voyez aussi la pièce de Mélanie Leray, « Le mérite ». Alors oui, définitivement, si votre enfant veut se lancer dans une carrière de comédien, qu’il en a le talent et que son caractère colle avec l’exigence et le travail, tout est possible.

Conclusion spécial JO

Je vous souhaite à tous un beau mois d’août … et merci la France pour cette belle cérémonie d’ouverture des JO Paris 2024, vendredi soir, qui a mis à l’honneur nos intermittents du spectacle, nos artistes, en danse, chant, musique, littérature, et propulsé sur le devant de la scène les femmes fortes et les outremers. J’ai envie de vous livrer ce que j’ai aimé : la diversité et l’originalité !

  • Les guitaristes rock sur les façades de la Conciergerie, décalé et télégénique,
  • Le personnage masqué arpentant les toits, pour son mystère,
  • Les scènes dans la bibliothèque avec les costumes colorés, faisant honneur à notre littérature,
  • Aya Nakamura et la garde républicaine, comme symbole de diversité riche et complémentaire,
  • L’image de Zizou et Nadal qui se passent la flamme, puis celle de Teddy Rinner et Marie-Jo Perec qui l’allument, parce que ces sportifs fédèrent, par leur état d’esprit,
  • Céline Dion of course, pour sa passion et son courage !

Certains choix étaient, à mon sens, moins fédérateurs. 😉

Florence Ollivier Duchamp

Déléguée Rennes de la ligue des optimistes, conférencière, engagée et romancière éditée.

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