Pourquoi la Norvège est un pays heureux et la France un peu moins ?
Nous verrons ici pourquoi la Norvège est un pays heureux. Nous établirons un parallèle avec la France.
La Norvège est une longue bande de terre à l’est de la Suède, creusée de fjords et parsemée de monts majestueux. Certains plongeant directement dans la mer. Elle est aussi et surtout parmi les pays les plus heureux selon le Rapport mondial sur le bonheur établi par les Nations Unies. Parmi 155 pays évalués.
Le « World Happiness Report » (WHR) crée par l’ONU mesure le bonheur à partir de six variables : revenu, liberté, confiance dans le gouvernement, espérance de vie en bonne santé, soutien social et générosité.
Il faut ensuite aller du côté des études sérieuses pour comprendre les facteurs ayant une forte corrélation avec ce niveau exceptionnel.
Quelques idées reçues
Certains pensent que l’argent y est pour beaucoup et que la nature n’est pas en reste. Ils ont peut-être raison, au plan des suppositions les plus communément admises, mais les statistiques les font mentir.
Sont plus intimement liées à ce sentiment des notions comme la compassion, l’honnêteté, la générosité, la santé, les filets sociaux, la bonne gouvernance, l’équilibre vie professionnelle vie privée . Les 5,5 millions de norvégiens profitent de la vie. Qu’ont-ils a apprendre aux 68,4 millions de Français ?
L’argent explique-t-il pourquoi les norvégiens sont plus heureux que les français ?
Oui, les pays nordiques sont tous relativement riches et heureux. Il est intéressant de se pencher sur la question de l’impact de l’argent en Norvège. Tous les pays prospères ne sont pas aussi bien lotis que les pays scandinaves. Singapour, l’un des pays les plus aisés du monde, se trouve à la 30e place. L’Arabie saoudite au 28e rang.
Le seul facteur financier à prendre en compte est le fait que les pays nordiques sont connus pour avoir de faibles niveaux d’inégalité de revenus. Les chercheurs n’ont pas prouvé qu’il existe une corrélation entre ces inégalités et une grande satisfaction de vie. En revanche, ils ont pu prouver que si l’inégalité des revenus entraîne la méfiance, elle contribue directement à une moindre satisfaction dans la vie.
Sans doute une première piste pour comprendre pourquoi la Norvège est un pays heureux et la France un peu moins.
Sécurité et bonheur norvégien
« Le fait de se sentir heureux est souvent étroitement lié au degré de sécurité que l’on ressent. Mais aussi à notre situation financière, à notre facilité d’accès à un travail satisfaisant et aux relations sociales »,
explique la psychologue Ragnhild Bang Nes. Cette dernière est une chercheuse connue en Norvège, spécialiste du bonheur et référente pour le bien-être à l’Institut norvégien de santé publique (NIPH).
Protection sociale et solidarité
« En Norvège, nous disposons d’un système de protection sociale qui prend soin de nous et nous épargne bien des soucis. Les disparités de niveau de vie sont faibles. On se sent en sécurité, libres et unis par un fort sentiment d’appartenance », ajoute-t-elle.
Il y a l’accès équitable aux soins de santé, la répartition juste des biens… Enfin le bon équilibre travail-vie privée identifiés comme des facteurs clés contribuant au sentiment de bonheur des Norvégiens.
Voici donc quelques pistes pour répondre à cette question : pourquoi la Norvège est un pays heureux et la France un peu moins.
L’éducation joue un rôle crucial
Elle souligne ensuite que l’éducation est gratuite pour tous. Le froid glacial n’a guère d’effet dissuasif sur les sorties, grâce à une système éducatif qui propose aux enfants de passer quotidiennement une heure dehors, dès le plus jeune âge, par tous les climats.
Dicton local
Il n’y a pas de mauvais temps mais juste des mauvais vêtements !
L’impact de la nature sur le sentiment de bonheur
La Scandinavie offre des beautés naturelles : les fjords de Norvège, la Laponie de Suède, la lagune bleue d’Islande, les aurores boréales, et les norvégiens profitent largement de cette manne.
En France nous avons aussi de magnifiques paysages. Mais notre rapport à la nature est différent et cette troisième clé explique l’écart entre le bonheur ressenti en Norvège et celui des français.
Les spécialistes savent depuis longtemps que passer du temps dans la nature produit des effets positifs sur la santé physique et psychique, et par là, sur notre sentiment de bonheur. En fait, la recherche nous a montré que le simple fait de rester assis dans un environnement végétal était bon pour le moral.
Voltaire en son temps ne disait-il pas « Il faut cultiver notre jardin ». Pangloss s’adressant à Candide.
Le rapport à la nature des Norvégiens est spécifique
S’il est une chose que les Norvégiens font abondamment, c’est passer du temps en plein air, que ce soit en montagne, en forêt ou au bord de la mer, voire dans un coin de verdure au beau milieu de la ville. Seul ou à plusieurs, quelle que soit la saison. Cette passion, inscrite dans leur identité nationale, s’appelle le friluftsliv.
Le peuple norvégien est proche et respectueux de son environnement. Ici, On pratique donc un tri sélectif ancré dans les mœurs.
Mais la nature norvégienne rude est un défi parfois trop grand
Si la Norvège est le pays du bonheur elle est aussi, et cela peut sembler paradoxal, un pays où le taux de suicide est parmi les plus élevés au monde (11 suicides pour 100.000 personnes en 2014 d’après l’OCDE). Le manque de lumière est un facteur avéré. Dès le mois de novembre, et jusqu’à la toute fin janvier, la durée du jour est inférieure à huit heures. Le 21 décembre, jour le plus court de l’année, elle tombe à six heures, avec un soleil qui se lève à peine au-dessus de la ligne d’horizon. Au nord du pays, dans les Lofoten, au Cap Nord, l’obscurité totale s’installe pendant plusieurs semaines. Stavanger, dans le sud, a installé une ligne directe avec Nice pour affronter les affres de l’hiver.
Mais ce climat rude incite aussi à la solidarité pour survivre et ce sentiment contribue au bonheur. Il y a toujours un aspect positif à chercher !
Le bonheur en Norvège c’est très simple !
Les conseils retenus suite à une discussion avec une dame de Gravdal dans les Lofoten.
« De façon générale, nous cultivons le bien-être. Nous un terme pour cela : hygge. Un mot qui peut s’appliquer à plusieurs situations. Un endroit cosy peut être hyggelig, tout comme peut l’être une personne. Ou encore un moment passé avec des amis. D’ailleurs l’heure passée à déguster les chocolats faits maison par cette dame fut hyggelig. »
Elle voulut résumer en cinq points ce processus de création de bonheur selon elle. Je vous le livre ici.
Ses cinq conseils pour se sentir heureux …
Tisser des liens Passer du temps avec sa famille, ses amis et son entourage, et entretenir ces liens.
Être actif En faisant de la rando, du vélo, du kayak, etc.
Être émerveillé Remarquer la beauté en se montrant curieux.
Continuer à apprendre Découvrir une nouvelle activité ou prendre une nouvelle voie.
Donner En aidant les autres à passer un bon moment.
Mise en pratique selon elle, aux Lofoten
On appelle, on prend des nouvelles, on crée des occasions de retrouvailles.
Les vélos, déposés dans son jardin, sans cadenas, pouvaient être utilisés à tout moment. Il y avait aussi un kayak, pour apprécier les beautés de la nature depuis le fjord. Un style de vie. Elle me révéla adorer cuisiner et prendre régulièrement des cours. Elle donnait beaucoup à ses voisins et eux aussi.
Les îles Lofoten facilitent cet émerveillement et en voici la preuve en images.
Pourtant la Norvège est un pays heureux et la France un peu moins
Mais j’aurais pu provoquer de bonnes sensations en vous parlant de la Bretagne ou de la Savoie, ainsi que de toutes les belles merveilles de la nature française. La France est le 27e pays sur le rapport des Nations Unies de 2024.
La France a beau être un pays développé et riche économiquement, elle est plus loin dans le classement du bonheur. Cela tient probablement à l’incapacité de son peuple à être positif, à sa propension à voir la bouteille toujours à moitié vide. La course effrénée au toujours plus accentue la sensation d’insuffisance et ne favorise pas le bien-être.
Dans l’hexagone, la vision du bonheur reste axée sur l’Ego et non sur le Soi, sur la possession, le pouvoir, la puissance, l’argent, la performance. C’est pourquoi, elle est aux antipodes de la conception des scandinaves, qui elle, est basée sur des critères de bien-être, d’altérité.
Axes d’améliorations pour notre pays
Plusieurs facteurs sont susceptibles d’influencer la position de la France dans le classement du bonheur. L’examen des critères du World Happiness Report indique des pistes d’amélioration :
- Soutien social : Renforcer les liens communautaires et le sentiment d’appartenance peut améliorer le soutien social. Par conséquent, le bonheur individuel.
- Équilibre travail-vie privée : Malgré une législation favorable, de nombreux Français ressentent une pression professionnelle impactant leur équilibre de vie. Des mesures pour promouvoir un meilleur équilibre sont nécessaires.
- Générosité : Encourager la philanthropie et les actions bénévoles. Cela peut renforcer le sentiment de bien-être collectif et individuel.
- Perception de la corruption : Améliorer la transparence et la confiance dans les institutions publiques peut contribuer à un sentiment accru de justice et de bien-être.
Que nous disent les artistes ?
C’est souvent vers l’art que j’aime me tourner, et j’ai trouvé dans les recherches de Georges Mathieu une piste de réflexion. Dans son ouvrage « l’abstraction prophétique », le peintre théoricien pose de bonnes questions. Ceci dès les années cinquante. En voici la lecture :
Conclusion
La France étant le pays des possibles, nous pouvons développer le sentiment de justice, par des enquêtes journalistiques. Je pense alors à l’action engagée d’Harry Roselmack, interviewé récemment, avec le film Republinial.
Nous pourrions aussi mettre en place des mesures favorisant l’équilibre vie professionnelle vie privée. Favoriser l’être plutôt que l’avoir, en véritable projet de société. Tout est possible, oeuvrons à retrouver un équilibre français, dans nos familles, nos entreprises, avec nos amis :
Je me souviens d’un entretien avec un supérieur britannique. Lorsque je travaillais dans la chimie, il me dit un jour :
« Pour faire une belle carrière, c’est le savoir-être, plus que le savoir-faire, qui prime ».
Il parlait de performance, d’esprit stratège, de capacité à séduire pour réussir. Il était dans son temps. Je pense souvent à lui.
Il ne parlait pas de l’être.
Ah s’il avait était norvégien ! 😉 Car vivre en Norvège, c’est Hyggelig.
Je garderai de mon voyage là-bas, cet été, ce sentiment incroyable de sérénité, due à la solidarité, à l’amour qui s’exprime au quotidien, collectivement, et que ce tout petit pays a su préserver.
Florence Ollivier Duchamp
Déléguée Rennes de la ligue des optimistes, conférencière, engagée et romancière.
Retrouvez-moi le dimanche à 18 H sur le live INSTAGRAM d’Augustin Trapenard, pour vous partager ma passion littéraire, et notamment le 27 octobre prochain pour l’examen approfondie du roman d’Abel Quentin, « Cabane », dont une partie se passe en Norvège.
La chaine Youtube de la ligue propose des vidéos intéressantes
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Très intéressant merci
🙏 Passez une merveilleuse journée
J’adore, merci d’éclairer nos lanternes sur le sujet.
😃
Merci Florence.
Très interessant
C’est toujours un plaisir de réfléchir (et d’agir à notre humble niveau) !
Très inspirant, merci beaucoup Florence !
Comme disait Sylvain Tesson, « la France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer »…
Merci Nathalie 🙏. Le regard et le rapport à l’autre qui changeraient tout. Merci pour ce rappel de Sylvain Tesson, un écrivain-voyageur que j’aime beaucoup.
Très significatif sur l’état d’esprit du « français moyen » qui se plaint de ce qu’il a au lieu de constater le bonheur de l’avoir.