Introduction

Lors d’un meeting de voltige aérienne,  il y a quelques temps, j’ai été témoin d’un parcours de vie fascinant et optimiste au sujet duquel j’ai écrit une nouvelle. En voici le synopsis ! Ecoutez l’histoire incroyable de Charlotte. Comment devenir pilote par une voie détournée. Un petit poisson un petit oiseau s’aimaient d’amour tendre.

Qui est Charlotte ?

Charlotte est aujourd’hui commandant de bord, et pilote des jets privés qui décollent du Bourget, au sein d’une compagnie où elle est la seule femme aux commandes. Une prise de conscience sur l’importance de se réaliser la conduit à bifurquer d’une voie vers l’autre, à surmonter tous les obstacles y compris le syndrome de l’imposteur.

Le drame qui fait basculer la vie

Elle fêterait ses vingt ans sans lui, puis ses vingt et un ans et ainsi de suite jusqu’à la fin de ses jours. Son père était parti un jour de décembre, et cette journée serait pour Charlotte marquée du sceau de la douleur et de la froideur. Plus rien ne serait comme avant.  C’était innommable de l’avoir perdu ainsi. Il n’y avait eu aucun signe avant coureur. Ils vivaient à Rennes au troisième étage d’un immeuble cossu près de la place Hoche. Leur vie avait été simple et sans orage pendant tout ce temps, avant ce jour fatal où un AVC l’avait emporté.

Nager

Depuis ses dix ans la natation rythmait la vie de Charlotte, la semaine, d’abord, en sport étude, le week-end aussi avec les compétitions. Elle nageait le matin, étudiait et re-nageait le soir. Son corps magnifique avait été fuselé par l’eau, et si les yeux des garçons s’y posaient souvent, les mains en étaient tenues éloignées. Elle voulait rester concentrée sur ses objectifs, ne sortait pas, ne buvait pas et s’astreignait à une hygiène de vie impeccable. Sa volonté de fer désarçonnait les hommes les plus entreprenants et certains, pourtant très aguerris, avaient renoncé à sa conquête. Charlotte était un rempart à elle seule, une compétitrice que rien n’arrête, une fille dont la maturité pouvait surprendre et dont on ne savait rien à l’école.

Son mystère

Elle cultivait son mystère pour mieux se protéger. Un brin solitaire, elle avait renforcé ses défenses contre le monde, en le fréquentant le moins possible. Seuls quelques amis de la piscine plaisantaient avec elle dans les vestiaires, mais, de retour en cours, elle reprenait son attitude de misanthrope énigmatique, toujours souriante en croisant les autres, écoutant si elle se retrouvait en groupe, parfois, mais ne livrant jamais aucune information sur elle. Elle incarnait un personnage de film d’espionnage à elle seule et tout était « secret défense ».

– Drôle de fille et drôle de vie, disaient les autres.

Voler

Peu lui importait les ragots qui couraient à son égard. Son but était sa performance, et dans le bassin, « elle mettait tout le monde d’accord ». Elle avait aussi, en secret, des activités passionnées autour de l’aviation, collectionnait les modèles de la seconde guerre mondiale, s’était abonnée à des revues spécialisées en aéronautique, regardait des tutoriels de manœuvres aériennes, s’intéressait à la mécanique des fluides. Elle n’en parlait à personne car sa mère n’aurait pas approuvé.

Voler était un sujet tabou dans sa famille. Son oncle François, le frère de sa mère, avait été un pilote chevronné à Salon de Provence, faisant la fierté des siens. Il s’était tué malheureusement lors d’un exercice de voltige. Peut-être que le profond chagrin de sa mère avait influencé les choix de Charlotte, indirectement, insidieusement ?

Se perfectionner

Charlotte avait une volonté inoxydable, capable de répéter des mouvements, encore et encore, jusqu’à obtenir le flow, le geste parfait, la trajectoire idéale dans l’eau. Elle s’intéressait à toutes les avancées techniques, autant celles qui relevaient de la tactique que les découvertes sur les matériaux pour mieux glisser, mieux respirer, mieux récupérer après l’effort ; mieux, mieux, mieux, toujours mieux. Elle obtint à vingt ans son diplôme d’entraineur. L’été passa tranquillement et tristement. Elle travailla dans une piscine, et eut un jour une incroyable discussion-déclic avec un maître-nageur qu’elle connaissait à peine. Il lui posa des tas de questions sur ses goûts, ses ambitions, et, contrairement à son habitude, mise en confiance par la bonhommie du personnage, elle se confia.

Se découvrir et prendre conscience

Cet échange lui fit prendre conscience qu’elle avait besoin d’adrénaline. Un besoin fort et viscéral. Nager et faire nager tout sa vie n’était peut-être pas la meilleure idée. Elle avait perdu son père, et son regard sur l’existence en avait été bouleversé. Elle devait suivre ses rêves et se reconnecter aux sensations puissantes qu’elle avait face à l’aviation.

Agir pour se réaliser

Elle décide en une nuit de s’inscrire à l’école des hôtesses de l’air, envers et contre tous. Comment peut-elle être pilote aujourd’hui vous demandez-vous. La question est incontournable et la réponse originale.

L’école des hôtesses de l’air de Montpellier jouxte l’aéroclub où se pratique la voltige aérienne. Charlotte est immédiatement fascinée. Elle s’inscrit. Elle voltige, s’inscrit au championnat de France. Tombe amoureuse de son entraîneur, qui la convainc de devenir pilote, alors qu’elle s’en est toujours crue incapable. Lui, il y croit. Elle enchaîne. Après l’école d’hôtesse, qu’elle valide, car avec elle tout doit être abouti, elle suit l’école de pilotage en trois ans. Elle réussit, encore, capable, précise, déterminée et incroyablement passionnée. Elle poursuit entre temps ses exercices de voltige et les sensations qu’elle vit tous les week-ends donnent à sa vie une intensité qu’elle souhaiterait pour tous.

Conclusion

Comment devenir pilote par une voie détournée ? Conserver sa raison de vivre, sa raison d’être est le meilleur des chemins de vie.

Florence Ollivier Duchamp

Déléguée Rennes de la ligue des optimistes, conférencière, engagée et romancière.

Retrouvez-moi le dimanche à 18 H sur le live INSTAGRAM d’Augustin Trapenard, pour vous partager ma passion littéraire, et notamment le 27 octobre prochain pour l’examen approfondie du roman d’Abel Quentin, « Cabane », dont une partie se passe en Norvège, et vous renvoie vers mon article précédent La Norvège un pays heureux.

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