Comme un poison insidieux, l’idée que la France recule gagne toutes les couches de la société. Une vision erronée, selon le journaliste et écrivain Yves Deloison. Dans un ouvrage résolument optimiste, il recense nos raisons d’être heureux.
Les chiffres sont têtus. Notre pays est la première destination touristique dans le monde, le 4ème investisseur économique mondial à l’étranger, le 5ème exportateur, la 6ème puissance scientifique mondiale en termes de publications et de dépenses, la 4ème puissance agricole…
Et pourtant nous avons une tendance prononcée à nous complaire dans le catastrophisme. C’était mieux avant ? Pas toujours. On va dans le mur ? A d’autres.
Parce que le pessimisme est d’humeur mais l’optimisme de volonté, le journaliste Yves Deloison, fondateur du site Toutpourchanger.com et grand pourfendeur de stéréotypes, a cherché quelle était la réalité derrière les sinistres clichés. Son enquête fouillée, dont le titre est inspiré de l’expression yiddish « Heureux comme Dieu en France », déboulonne une par une les idées reçues. Et si l’on décidait d’en finir une bonne fois avec nos névroses hexagonales ?
EXTRAITS
La France, un pays de fainéants ? Faux !
Les Français sont parmi les plus productifs au monde. A la question « Que pensez-vous des Français ? », Lara Marlowe, journaliste américaine, correspondante du quotidien irlandais The Irish Times jusqu’en 2009 et à nouveau depuis 2013, m’a répondu : « Je les trouve fainéants ! Ils tiennent trop à leurs vacances, à leur résidence secondaire, à leur week-end à la campagne...» On imagine le message envoyé par le journal dont elle assure la correspondance…
Les Français sont plutôt vaillants à l’ouvrage, de nombreuses études internationales l’attestent. En termes de productivité, le BIT (Bureau international du travail) classe la France dans le peloton de tête mondial, souvent au coude-à-coude avec les Etats-Unis. Les comparaisons réalisées par l’Office national des statistiques (ONS) entre les différents pays du G 7 indiquent que les travailleurs français arrivent systématiquement en tête du classement, là aussi avec les Etats-Unis, largement devant le Royaume-Uni, le Japon étant bon dernier.
Depuis les années 2000 et les fameuses lois sur les 35 heures de Martine Aubry, on ne cesse de comparer la France à l’Allemagne, où la durée légale maximale de travail hebdomadaire est de quarante-huit heures. Mais on omet systématiquement de souligner qu’outre-Rhin, dans plusieurs secteurs dont la métallurgie, des conventions collectives ont diminué le temps de travail jusqu’à le rendre identique à celui de la France.
« Les Français entretiennent un rapport plus détaché au travail, explique Jean-Benoît Nadeau [auteur du Guide du travailleur autonome 3.0, éd. Québec Amérique]. Ils ne sont pas soumis à l’éthique protestante qui fait qu’un Américain montre toujours qu’il est occupé même quand il ne l’est pas. » D’après lui, la sémantique en dit long sur la différence d’approche : « En anglais, business vient de busy, qui signifie « occupé« . Alors qu’en français on utilise le terme « affaire » autrement dit « à faire » ! »
Impossible d’entreprendre en France ? Faux !
En France, l’entrepreneuriat a le vent en poupe. « Je veux en finir avec l’idéologie qui met l’entrepreneur au ban de la société. […] Je veux promouvoir l’esprit d’entreprise, qu’il redevienne une valeur. Je veux donner à l’entrepreneur les moyens d’entreprendre » : voilà comment Nicolas Sarkozy parlait en septembre 2007 de l’entrepreneur, sorte de paria en son pays. Loin d’être le seul à véhiculer ce message, le président de la République d’alors ne faisait que répéter ce qu’une bonne partie de la société française croyait et croit encore dur comme fer. Que penser de cette prétendue « idéologie » ? Repose-t-elle sur des faits ?
D’après les données d’Eurostat, la France est le premier pays d’Europe pour les créations d’entreprises. En 2013, plus de 538 000 entreprises ont été créées en France selon les chiffres de l’Insee. Des personnalités immergées dans la France qui bouge, qui s’active, qui agit, osent enfin témoigner du dynamisme français en la matière. « La petite musique qu’on entend, c’est : « La France, c’est mort, Paris, c’est fini… » déclarait Xavier Niel, dirigeant français de premier plan. Ça fait trente ans que j’ai une vie professionnelle, ça fait trente ans que la France est en crise… Mais qu’est-ce que je vois en réalité ? Des gens capables de créer des entreprises de niveau mondial. La France est un pays où les choses vont plutôt bien, c’est un pays fantastique pour créer sa boîte. »
Un autre grand patron, Vincent Bolloré, président du groupe du même nom, rebondit : « On a connu des guerres, des révolutions, des disputes, lance-t-il au micro de France Inter. Moi je suis très optimiste pour la France, je vois d’ailleurs un certain nombre de gens qui sont en train de se lever en disant « on en a assez, on va créer des choses », je suis tout à fait optimiste sur l’avenir de la France. »
De son côté, Marc Simoncini, fondateur du célèbre site Meetic, déclarait récemment : « Les Français ont le culte de la démerde. Les jeunes peuvent créer des entreprises en France. On a notamment un des écosystèmes les plus incroyables dans le numérique européen. »
Des jeunes entrepreneurs âgés de 18 à 40 ans, de tous horizons et de toute la France, j’en interviewe par dizaines depuis des années afin qu’ils témoignent de leur expérience de la création. Désolé de décevoir les râleurs mais, parmi eux, aucun n’a évoqué la difficulté de créer une entreprise en France ni même une quelconque lourdeur administrative.
Les Français désertent le pays ? Faux !
Les Français voyagent, et c’est bon signe ! Parmi ceux qui plient bagage pour s’installer à l’étranger, certains se sentent obligés de légitimer leur choix en critiquant leur pays d’origine. Mais participer à un dénigrement irréfléchi pollue et plombe le pays, les gens, la famille et les amis qu’on y laisse. Les conséquences sont là. On le lit, on l’entend et on le répète : les Français quitteraient la France par bataillons entiers. Il y aurait 1,5 à 2 millions de Français selon le Quai d’Orsay, 2,5 millions pour certains experts, probablement 3 millions selon d’autres, vivant à l’étranger.
Explication en vogue : ils sont partis effrayés par la fiscalité, déprimés par la croissance nulle, le chômage et la morosité ambiante. Les jeunes, en particulier, s’envoleraient vers d’autres horizons car ils vivent mal dans un pays « sans perspective d’avenir ». Impossible pour eux, dit-on, de trouver un emploi en France, alors qu’à l’étranger rien de plus simple… Nos diplômés, doctorants, ingénieurs seraient les premiers à partir. On parle alors de fuite des cerveaux, d’hémorragie de nos forces vives, etc.
Impossible de le nier : le nombre de Français qui optent pour l’émigration a augmenté de 35 % en dix ans, selon le Quai d’Orsay. Mais qu’on se rassure, ils ne partent pas avec l’idée d’émigrer définitivement. Cette présence d’une diaspora française hors des frontières profite au pays. Elle contribue à booster l’exportation, car chaque Français de l’étranger se comporte plus ou moins en ambassadeur.
Parallèlement, il n’y a aucune publicité sur le nombre de jeunes venant étudier en France ni sur l’attractivité des métiers de la recherche. Jamais les organismes de recherche français n’ont eu autant de candidats étrangers : en 2012, un tiers des recrutés au CNRS sont des étrangers de classe mondiale. Encore une source d’étonnement : étrange de vouloir partir à tout prix, alors que des jeunes du monde entier rêvent d’étudier en France. Près de 300 000 d’entre eux font ce choix chaque année. La France est en effet dans le peloton de tête pour l’accueil d’étudiants étrangers dans le classement établi par l’Unesco. Et la ville de Paris reçoit le meilleur indice de satisfaction de la planète dans une enquête faite auprès des étudiants de toutes nationalités. Pourquoi choisir de noircir le tableau quand tant d’indicateurs sont au vert ?
5 chiffres pour retrouver le moral
– La France est le 1er pays d’Europe pour la création d’entreprises : près de 538 000 y ont vu le jour en 2013 (Eurostat, 2014).
– 30 entreprises de l’Hexagone figurent parmi les 500 premières multinationales du monde (L’Expansion, 2014).
– La France est au 1er rang européen des destinations pour les investissements étrangers dans l’industrie (EY, 2014).
– Elle possède le 1er réseau routier d’Europe (Eurostat, 2014).
– Son réseau ferré à grande vitesse est le 2ème plus performant du continent (Eurostat, 2014).
« Heureux comme un Français en France », par Yves Deloison. Editions L’Express-Presses de la Cité, 270 p., 21,50 €. A paraître le 11 février.
Matthieu Scherrer, L’Express
Source : http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/les-raisons-d-etre-heureux-contre-les-sirenes-du-declin_1759948.html
PS : Prochains Dîners des Optimistes :
– Dîner des Optimistes à Boulogne sur Mer le 18 février à partir de 19h15 au restaurant « le dix-neuf » au golf de Wimereux (62930), à 8 km de Boulogne sur Mer
Pour vous inscrire, suivez le lien : http://urlz.fr/30hP
Le nombre de places étant limité, les inscriptions sont enregistrées par ordre d’arrivée, après réception du paiement selon les indications fournies sur le formulaire.
Si vous souhaitez bénéficier du tarif réservé aux adhérents de la Ligue des Optimistes de France, merci d’envoyer un mail à fdhersin@gmail.com justifiant de votre adhésion à la Ligue des Optimistes (attention, il faut être adhérent et pas simplement inscrit à la Lettr’Optimiste)
Au plaisir de vous accueillir le 18 février,
François D’HERSIN (fdhersin@gmail.com)
– Quand : mercredi 2 mars 2016 à 19h30
– Où : restaurant L’Amiral, Place de Bretagne à Rennes
– Participation : 35 € par personne (entrée, plat, dessert, conférence, animation).
Nous espérons vivement vous y retrouver nombreux pour une soirée de convivialité et bonne humeur.
Le mardi 15 mars 2016 à 19 heures, Philippe Joffe animera une conférence « L’optimisme, un état d’esprit qui fait du bien« , dans le cadre de la Semaine d’Information de la Santé Mentale.
Lieu : Centre social Saint Jean, 2 rue Edith Piaf 36000 Chateauroux
L’entrée est gratuite, ouvert à tous, même aux pessimistes 😉
PPS : Soutenez notre association en adhérant à Ligue des Optimistes de France (cliquez ici pour voir comment faire)
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