Dramaturge, romancier et cinéaste, Eric-Emmanuel Schmitt est également un incorrigible optimiste. Interview érudite et inspirante.
Est-ce qu’on naît optimiste, ou est-ce qu’on le devient ?
Eric-Emmanuel Schmitt : Pour ma part, les deux ! Je suis un optimiste par nature : dès que je suis arrivé sur Terre, j’ai souri, heureux d’être là. Par la suite, la vie s’étant chargée de me donner des coups et de me confronter au mal, j’ai décidé de construire mon optimisme, seule façon d’apaiser la douleur, l’indifférence et l’injustice.
Aujourd’hui, on a l’impression que l’optimisme a un peu plus la cote. Vous confirmez ?
Il y a vingt ans, on se heurtait à un préjugé qui assimilait le pessimisme à l’intelligence. Cela faisait de l’optimiste un imbécile, qui ne voyait pas la réalité ou, pire, la niait. « Le comble de l’optimisme, c’est d’entrer dans un grand restaurant et de compter sur la perle qu’on trouvera dans une huître pour payer la note », écrivait le romancier Tristan Bernard. Mais, depuis, le regard de la société a évolué.
Qu’est-ce qui changé ?
Après la seconde guerre mondiale et ses horreurs, il était normal et sain de douter de la capacité de l’humanité à progresser. Ces événements ont eu un tel retentissement que le pessimisme a fini par ne plus être remis en question. Il est presque devenu une idéologie. Jusqu’au début des années 2000, où il a commencé à être interrogé.
Guerres civiles, réchauffement climatique, menace terroriste… Il y a quand même plein de raisons de redouter l’avenir, non ?
L’optimiste part du même constat que le pessimiste, à savoir que le monde est traversé de violences, de manques, de bêtises. Bref, que ça ne va pas. Mais, alors que le pessimiste, par une forme de lâcheté, accepte cet état de fait, voire en rajoute en disant que demain sera pire, l’optimiste se montre héroïque. Il retrousse ses manches et, par l’action, trouve des raisons d’espérer.
Avez-vous un truc, une pratique spirituelle, une activité qui vous aide à retrouver le moral quand ça ne va pas ?
Je n’oublie jamais que l’on peut regarder la même vie sous l’angle de la joie ou de la tristesse. Joie : rapport au plein. Tristesse : rapport au vide. C’est comme un interrupteur. Au lieu de ressasser ce qui me manque – des êtres chers qui ont disparu, du temps, de l’argent –, je m’applique à regarder ce que j’ai et à m’en contenter. Voilà un exercice quotidien, d’autant plus difficile dans une société de consommation régie par la comparaison, la jalousie, la frustration.
Julien Solonel
Le Parisien Week-End 16 février 2018
La France retrouve le sourire
C’est peut-être la fin de cette spécificité que l’économiste Claudia Senik, professeure à l’université Paris-Sorbonne et auteure d’une étude remarquée sur le sujet, appelle le « malheur français paradoxal ». Alors que beaucoup d’indicateurs, dans notre pays, sont rassurants (espérance de vie, système de santé, produit intérieur brut…), les Français se disent inquiets. Au point que, dans son rapport annuel sur l’état de la France en juin 2017, le Conseil économique, social et environnemental a pointé « le risque important que ce pessimisme excessif devienne autoréalisateur ». Mais les choses sont en train de changer. La reprise économique est là, les touristes sont de retour après les attentats, Paris a obtenu les Jeux olympiques pour 2024. Résultat, en 2018, les Français sont de plus en plus nombreux à voir la vie en rose. Selon un sondage Harris Interactive pour RTL et M6, publié début janvier, 59 % d’entre eux sont optimistes pour cette nouvelle année. Un niveau d’enthousiasme en hausse de 15 % depuis 2011 !
La palme de la « positive attitude » revient aux femmes : 61% d’entre elles se disent optimistes pour 2018, contre 57 % des hommes. Antoine Besse |
Source : http://www.leparisien.fr/week-end/eric-emmanuel-schmitt-le-pessimiste-est-un-peu-lache-14-02-2018-7559055.php
LES PROCHAINS ÉVÉNEMENTS OPTIMISTES
– 30 et 31 août : Université Hommes-Entreprises près de Bordeaux, sur le thème «Progrès & Sagesse ». Les sciences ont été de tous temps considérées comme – globalement – des progrès bénéfiques pour l’Homme… jusqu’au milieu du XXème siècle et l’invention de la 1ère bombe atomique. Depuis, internet et l’intelligence artificielle apparaissent à la fois comme un progrès et comme une menace, pouvant aller jusqu’à l’asservissement de l’Homme à la machine.
Alors, dans ces perspectives, comment ré-équilibrer progrès et sagesse, science et conscience ?
Ce sont les questions qui seront abordées durant la 24ème Université Hommes-Entreprises du CECA les 30 et 31 août au Chateau Smith Haut-Lafitte, près de Bordeaux, avec les interventions de Cédric Villani, Nicolas Bouzou, Clara Gaymard et Gonzague de Blignières, Christine Kerdellant, Jean Le Cam, Frédéric Beigbeder, Erik Orsenna, Gersende & Francis Perrin et d’autres intervenants de talent.
Ne manquez pas cette édition 2018 des Universités Hommes-Entreprises !
Infos et inscriptions : http://universitehommes-entreprises.com/24eme-universite-hommes-entreprises
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